Céphalées de tension
- manipulation plus exercices (groupe de manipulation)
- relâchement myofascial suboccipital plus exercices (groupe libération myofasciale)
- exercices seuls (groupe contrôle)
Selon cette étude, la manipulation associée aux exercices semble représenter une bonne option dans le traitement des céphalées de tension.Dans la céphalée de tension, appelée aussi céphalée musculaire ou Tension type headache (TTH), une composante de contracture musculaire peut souvent être mise en évidence.
ArtThema
La céphalée de tension est la plus fréquente des céphalées primaires. La prévalence de la céphalée de tension épisodique est de près de 80%, celle de la céphalée de tension chronique de 3%. Les femmes sont légèrement plus concernées que les hommes et l´âge d´apparition de cette pathologie atteint son pic entre 35 et 40 ans (Scripter 2018).
Le tableau clinique de la céphalée de tension est constitué, la plupart du temps, d´une symptomatologie bilatérale accompagnée d´une sensation de pression ou de serrement en forme de casque ou de bandeau. Les situations de stress professionnel ou familial, de crispation ou d´anxiété augmentent en général les symptômes. Cette pathologie est souvent liée à la présence de points trigger dans plusieurs muscles de la nuque et/ou de la tête tels que les muscles trapèze supérieur, SCOM, suboccipitaux et temporal (Couppé et al. 2007, Alonso-Blanco et al. 2011, Arendt-Nielsen et al. 2016, Chatchawan et al. 2019, Cigaran-Mendez et al. 2019).
Andersen et al. (2015) analysent la littérature concernant le seuil de douleur à la pression (Pressure pain threshold - PPT) des muscles temporal, masséter et frontal dans différents groupes : une population mixte sans symptôme, une population mixte présentant des céphalées de tension et une population mixte souffrant de céphalées migraineuses. Le seuil de douleur à la pression est moins élevé chez les personnes souffrant de céphalées, chez les femmes moins que chez les hommes. Le muscle masséter est celui qui est le plus sensible à la palpation.
Palacios-Ceña et al. (2016a, 2017a) relèvent une relation directe entre la présence de points trigger actifs dans les muscles de la tête et de la nuque, chez des patients présentant des céphalées de tension, autant épisodiques que chroniques, et une douleur généralisée à la pression (Do et al. 2018).
Il existe une relation linéaire entre le nombre de points trigger myofasciaux et le degré de sensibilisation généralisée, aucune influence d´autres facteurs tels que la dépression ou l'anxiété n´est observée (Abboud et al. 2013).
Il est intéressant de noter qu´en cas de céphalée de tension, on n´observe pas de douleur pulsatile, ni de nausées, ni de vomissements, ni d´aura, ces symptômes sont propres à la migraine. La douleur est en général décrite comme légère à modérée, elle ne s´aggrave pas au cours de l´activité physique. Le patient peut par contre souffrir d´une légère intolérance à la lumière intense, aux bruits importants et/ou aux odeurs fortes.
La céphalée de tension épisodique, la plus fréquente, dure communément de quelques heures à quelques jours. La forme chronique, qui affecte 1 à 3% des adultes, dure minimum 4 heures par jour, au moins 15 jours par mois, pendant 3 mois consécutifs. Elle peut devenir quasi permanente et résulte probablement d´une augmentation de l´excitabilité du système nerveux central, provoquée par les afférences nociceptives continues des structures myofasciales (Ashina et al. 2005, Affaitati et al. 2020).
Les céphalées de tension épisodiques, ainsi que chroniques sont souvent associées à la présence de points trigger myofasciaux, elles sont fréquemment accompagnées d´une protraction de la tête, d´une augmentation du tonus des muscles de la nuque et d´une hypersensibilité des muscles épicrâniens (Fernández de las Peñas 2004, 2005a, 2006b, 2006c, 2006d, 2007a, 2007f, 2008b, Abboud et al. 2013).
Anttila et al. (2002) concluent, dans une étude réalisée sur un large échantillon d´enfants de 12 ans, que ceux qui se plaignent d´une céphalée migraineuse présentent souvent des douleurs de la région cervicale et de la ceinture scapulaire ainsi qu´une hypersensibilité des muscles épicrâniens et de la nuque à la palpation. Cette dernière est moins fréquente chez les enfants, qui souffrent d´une céphalée de tension.
Fernández de las Peñas et al. (2010d, 2010e, 2011a) constatent des restrictions de la mobilité cervicale chez des enfants souffrant de céphalées de tension chronique (Fernández-Mayoralas et al. 2010).
Bigal & Lipton (2007) proposent une approche du diagnostic différentiel, basée sur un algorithme. Le praticien y recherche avant tout les drapeaux rouges pour pouvoir exclure toute céphalée secondaire. L´étape suivante consiste à classer la céphalée, en se basant sur la localisation de la douleur, sur la durée et sur l´intensité de la symptomatologie (Tableau 1-1).
Chen et al. (2012) évoquent une série de facteurs psychologiques jouant un rôle dans les céphalées de tension chroniques : l´anxiété, la dépression, la nervosité, la démotivation, la labilité émotionnelle, le manque d´estime de soi, certaines phobies et une difficulté à canaliser sa colère et ses frustrations. Sommes-nous encore dans le changement tissulaire musculaire ou des mécanismes neurocentraux interviennent-ils ici aussi?
Les PTrM des muscles de la tête, de la nuque et de la ceinture scapulaire sont des sources de nociception, ils sont actuellement considérés comme des excitateurs potentiels du système nerveux central, ce qui peut expliquer :
- une douleur généralisée à la palpation dans certains cas de céphalée de tension ;
- un nombre plus élevé de points trigger dans les muscles de la tête, de la nuque et de la ceinture scapulaire en cas de céphalée de tension.
Une prise en charge précoce, qui inclut la désactivation les PTrM en cas de céphalée de tension, est considérée comme indispensable pour éviter l´installation de toute douleur chronique et généralisée (Fernández de las Peñas & Arendt-Nielsen 2017, Palacios-Ceña et al. 2016a, 2016b, 2017a, 2017b).